samedi 4 novembre 2006

2. Mafate savat' deux doigts

La marche, les beaux paysages, tout cela est très bien, mais j'ai volontairement passé sous silence l'essentiel peut-être : les anecdotes. Et des anecdotes, j'en ai, deux exactement, deux seulement, mais une ENORME !

Le 1er jour en arrivant, nous vidons nos affaires de notre véhicule pour les charger dans le 4X4. Tout y est : sacs à dos avec quelques changes, de l'eau en bonne quantité, les frontales, les chapeaux, la crème solaire....enfin tout quoi ! En partant j'avais prévenu Cyrille que j'oublierai quelque chose. J'oublie toujours quelque chose, mais là, c'est ENORME. De quoi remettre en cause notre départ. Je fouille, et refouille, mais non, introuvable. Je n'ai pas oublié l'essentiel. J'ai oublié l'indispensable. Cyrille blêmit, il est consterné. Vous vous demandez ce que j'ai bien pu oublier. Je n'en reviens toujours pas. L'idée de vérifier m'avait bien effleurée l'esprit, mais à 5h du mat' les idées ne font que m'effleurer. Autant vous dire que l'expression "l'idée m'a effleuré", je l'ai entendu souvent pendant les trois jours qui ont suivi. Eh bien voilà, j'ai tout simplement oublié.....MES CHAUSSURES ! C'est ENORME non, pour trois jours de marches en terrain accidenté. Je ne me démonte pas et je lance : "Je vais y aller à la mafataise : en savat' deux doigts". C'est-à-dire pour les non créolophones en tongues ! Cyrille, rassuré, y va de quelques railleries dont j'ai opportunément oublié le contenu.

Deuxième anecdote. Au cours du dîner de la 1ère soirée, le propriétaire du gîte nous demande notre programme du lendemain. Cyrille lui fait part de notre projet de rejoindre Îlet à Bourse par le GR2. Le propriétaire : " Mais le GR2 est fermé depuis des années !" !!!! Nous sommes étonnés et nous nous interrogeons sur la date d'édition de notre carte.

Trois alternatives s'offrent à nous :
1- Revenir copieusement sur nos pas pour emprunter un autre chemin.
2- Aller jusqu'à la Nouvelle et passer par le chemin scout : au moins 25 km !
3- Emprunter un raccourci en cours d'aménagement par l'ONF passant par le cimetière.

Le propriétaire nous assure que "ça passe". Il y a quelques passages délicats, mais un gars en savat'deux doigts doit avoir l'habitude !

Nous nous couchons, il est au moins 20h30 !

Le lendemain, réveil au lever du soleil. Le paysage est extraordinaire. Nous prenons notre petit déjeuner avec vue imprenable sur le cirque.

Nous quittons le gîte vers 8h. Avant de partir le propriétaire nous donne quelques indications sur notre parcours. C'est la petite bifurcation en noir que j'ai ajouté sur la carte :


En haut de la falaise sur la droite il doit y avoir le Maïdo. Un chemin descend dans le cirque de Mafate à cet endroit. Pour l'avoir emprunter il y a quelques années, je peux vous dire que ça descend "sec". D'ici on s'en doute bien :


Cyrille me fait remarquer quelques "détails" : pas de routes, pas de trottoirs, pas d'éclairage public, pas de mobilier urbain. Cela change considérablement l'image que l'on peut avoir d'une ville ou d'un village.

Enfin il exagère, du mobilier urbain il y en a. Ici des panneaux d'indications :




Le schtroumpf pose devant la boîte aux lettres de Roche Plate :



Un bâtiment administratif du conseil régional :


Quelques vues de Roche Plate :

La case tout au fond avec le toit rouge est notre gîte de la veille.




Nous poursuivons notre marche. Nous croisons ça :


Est-ce le bon chemin pour le cimetière ? On dirait que oui !

Confirmation peu après :

Cimetière, voies sans issue ! Excellent, non ? C'est bien notre route ! Effectivement il faut bien connaître les lieux, ou avoir les indications des locaux pour trouver un tel parcours !

Encore des tombes sur notre chemin :





Nous apercevons enfin le cimetière en contre bas :




Nous croisons dans la descente quelques mafataises transportant du bois :


L'entrée du cimetière jonchée de détritus :

C'est que nous sommes en novembre. Les réunionnais sont de pieux catholiques et fête la toussaint, en octobre, avec ferveur.

Nous cherchons pendant quelques minutes notre chemin. Cyrille s'arrête, il va falloir descendre tout ça, traverser la rivière dans le fond et remonter en face vers Grand Place :


Le chemin vient d'être refait par l'ONF, la "voie sans issue" indiqué précédemment est nickel ! Mais pourtant nous voyons un petit panneau blanc indiquant "interdit au public" :


Nous contemplons les paysages toujours aussi grandioses, mais le chemin a bel et bien disparu. Nous trouvons des planches et du fer à béton : le chantier de l'ONF ! Le chemin s'arrête donc là. Nous voyons vaguement un sentier plus bas. Sans doute un passage délicat. En basket Cyrille passe sans trop de problème. Pour moi c'est un peu plus problématique. C'est très pentu et glissant. Heureusement qu'il n'a pas plu, nous n'aurions peut-être pas pu passer. Je me laisse glisser en attrapant racines et hautes herbes et espérant qu'elles ne ma lâchent pas.


Nous avons retrouvé un sentier, pas en bon état, mais un sentier quand même. Nous poursuivons notre descente et croisons un cours d'eau :



Cyrille décide de se rafraîchir :

A la turbidité de l'eau qu'il laisse derrière lui, ce n'était pas un luxe de se rincer un peu !

En tout cas nous sommes sur le bon chemin. Les panneaux en attestent :





Encore, ça devient une habitude :




Nous arrivons enfin dans la rivière. Cela fait trois bonnes heures que nous marchons. J'ai hâte d'atteindre notre halte déjeuner à Grand Place. Cyrille scrute la carte. Il faut remonter un peu le lit de la rivière pour trouver la suite de notre sentier. Nous avançons parmi les blocs. J'abandonne rapidement et laisse Cyrille chercher. En vain. Il revient sur ses pas, il n'a pas trouvé le sentier. Nous sommes perdus dans le lit de la rivière :


Nous retournons à notre arrivée à la rivière, descendons le lit d'une dizaine de mètres et trouvons enfin la suite du dentier. C'était trop simple, dix mètres à faire ! Presqu'une heure de perdue. Il nous reste 400 m d'ascension pour atteindre Grand Place. Cyrille en grand sportif part devant. Je reste fixé sur mon cardio. Mon but est de faire cette ascension sans dépasser les 140 pulsations par minute pour ne pas me "crâmer". Avec la fatigue j'apprends à gérer mon effort dans la durée. La journée est loin d'être finie.

Vers 12h30 je rejoins Cyrille qui m'attend au sommet à l'ombre d'un arbre. Quelques gorgées d'eau et nous repartons. Nous arrivons rapidement à Grand Place. Nouvel objectif : trouver rapidement une épicerie pour se restaurer. Nous sommes fatigués, nous avons fait l'ascension en plein soleil à midi, dur !

Enfin le réconfort :




Cocas, dodos (bière locale), pain, boîte de maquereaux, saucisson, sardines, salades tout y passe, suivi d'une sieste royale d'une heure.

Nous repartons vers 14h, frais et reposés, pour finir les quelques kilomètres qui nous séparent d'Îlet à Bourse. Peu de kilomètres, mais encore une bonne descente suivi de la remontée.
Soulagement, enfin îlet à Bourse :


D'ici il y a encore et toujours des vues splendides :


Il y a aussi les incontournables "crèches" :




Dés en arrivant nous cherchons un endroit sympa pour nous désaltérer. Genre un bar par exemple. Celui d'îlet à Bourse est tenu par un rasta très cool.

Cyrille en profite pour faire une séance qui semble être du qi gong. La 1ère posture reste un mystère pour moi :




Vous pouvez faire des propositions.

Pour cette position je dirais le flamand rose, non ?


Vous aurez peut-être remarqué la bouteille de perrier !

Moi, j'me la fais local jusqu'au bout :



PPPHHIILLLL, le mafatais